Jean-Luc Lagardère est un industriel et entrepreneur français. De son vrai nom Jean-Lucien Lagardère, il est né le 10 février 1928 dans le Gers. Il partage avec son illustre homonyme de la littérature des origines gasconnes. Du Gascon de la tradition, Jean-Luc Lagardère qui est plutôt réservé, voire timide, n’a pas l’exubérance, mais il a la persévérance et l’attachement à la parole donnée. Fils unique d’un fonctionnaire des Finances, il a une jeunesse sans histoire dans une famille qui, sans être riche, ignore le besoin. Il prépare les grandes écoles d’ingénieur et rejoint, en 1949, l’école supérieure d’électricité. Diplôme en poche, il entre chez Dassault en 1952. Très vite, il constate que l’accès à la haute hiérarchie de la société, tenue par des polytechniciens, lui est fermé. Il part donc en quête d’une entreprise moins importante où il puisse jouer un rôle déterminant. Il rencontre alors les deux personnalités qui vont structurer sa vie et le mener vers les plus hautes destinées patronales, à savoir Marcel Chassigny et Sylvain Floirat. Le premier est le président fondateur de la Société générale de mécanique-aviation-traction, nom abrégé en Matra, qui s’est spécialisée dans la fabrication de missiles. Le second est un homme d’affaires brillant, connu pour ses investissements dans la communication – il contrôle la radio Europe 1 –, qui détient une participation dans Matra. Fin 1962, Lagardère devient le bras droit de Chassigny et assure le développement de l’entreprise dans le secteur de l’armement et, accessoirement, de l’automobile. Fin 1974, il prend la direction d’Europe 1. Fin 1977, Chassigny prend sa retraite et Lagardère reste seul maître à bord d’une entreprise qui se développe selon deux axes, l’armement et la communication. Si ses choix politiques personnels le conduisent à avoir toujours soutenu, aux élections présidentielles, le perdant, Lagardère construit néanmoins son entreprise autour de liens privilégiés avec l’État. Le secteur de l’armement vit de commandes publiques et la croissance externe de l’entreprise se fait avec l’aval des pouvoirs publics. Ce développement a pourtant connu des ratés qui ont failli provoquer sa ruine.
Les années 1960 et 1970 constituent une période faste. Malgré quelques déconvenues dans l’automobile, mais aussi des succès sportifs, le groupe accumule les bénéfices, grâce à ses missiles air-air, à sa participation au programme Ariane et à son activité dans les équipements téléphoniques. En 1980, en accord avec les pouvoirs publics, Lagardère rachète le groupe d’édition Hachette, alors en difficulté. Cette opération est l’une des plus fructueuses qu’il réalise. La valeur du groupe Hachette monte en flèche et Jean-Luc Lagardère devient un personnage incontournable du monde de l’édition.
Les années 1980 sont néanmoins celles des désillusions : après la victoire socialiste de mai 1981, son groupe échappe de peu à la nationalisation, et il réussit à obtenir que l’État se contente d’une prise de participation majoritaire. Il est obligé de conduire les négociations avec le gouvernement socialiste dans des conditions d’autant plus difficiles qu’il vient de perdre son père et qu’il vit alors dans l’angoisse de voir disparaître son fils unique, victime d’un accident de la circulation. Désireux d’affirmer l’image du groupe, il investit dans le football en rachetant le Racing Club de Paris en 1982, rebaptisé Matra-Racing en 1987, mais il est obligé de l’abandonner en 1990 en raison de l’étendue des pertes. Il connaît également de lourds déboires dans la communication. Écarté du rachat de T.F.1 en 1987 au profit de Bouygues, il croit tenir sa revanche, en 1990, en achetant la Cinq, chaîne de télévision à la dérive où se déchirent le patron de presse Robert Hersant